Chronique

Galchenyuk au centre : pas tout de suite !

Le « vrai » camp d’entraînement ne fait que commencer et, comme chaque année, certains joueurs se retrouvent immédiatement sous les projecteurs. Chez les attaquants montréalais, Alex Galchenyuk est possiblement celui qu’on surveille de plus près.

Plusieurs voient en effet dans la mutation du jeune homme au poste de centre une occasion d’améliorer le 26e rang de l’équipe quant aux buts marqués à cinq contre cinq l’année dernière.

Bien que la direction ait déjà annoncé que Galchenyuk aurait la chance de se faire valoir, je ne crois pas que cette expérience dépassera le stade... d’expérience.

Le numéro 27 a clairement affirmé qu’il espérait améliorer sa production offensive de 2013-2014 (13 buts et 31 points en 65 matchs). Or, pour hausser cette récolte, la réponse ne passe pas par le centre, et ce, pour deux raisons.

Il y a d’abord la nature même du poste de centre. Cette position donne à un joueur davantage d’espace sur la glace, et Galchenyuk, un patineur explosif et créatif avec la rondelle, est capable d’en profiter. Mais avec cet espace viennent beaucoup de responsabilités. À forces égales, en territoire défensif, le joueur de centre doit en tout temps appuyer le travail de ses défenseurs ; conséquemment, s’il s’implique profondément dans sa zone, il devient difficile pour lui de se libérer en contre-attaque, car il est le dernier attaquant à quitter son territoire.

Dans un contexte où la brigade défensive du Canadien est en pleine mutation, la charge de travail des joueurs de centre sera encore plus imposante, d’où l’importance de faire appel à des candidats expérimentés à cette position. Les équipes qui font des compromis en défensive, qui trichent pour précipiter les jeux offensifs, ne gagnent pas en séries éliminatoires. Les Sharks de San Jose en font la démonstration depuis plusieurs années. Ce n’est pas une recette qui fonctionne.

Il y a ensuite la situation spécifique du Canadien, qui compte sur trois joueurs de centre établis en David Desharnais, Tomas Plekanec et Lars Eller. Il y a consensus sur le fait que Galchenyuk, pour se développer et aider l’équipe, doit évoluer au sein d’un des trois premiers trios. Pour le faire jouer au centre, on doit donc muter un des trois vétérans à l’aile. L’un de ces joueurs serait-il supérieur à Galchenyuk à l’aile ? Aucunement. Le nom de Lars Eller est celui qui revient le plus souvent dans ce débat, mais les tentatives de le faire jouer comme ailier n’ont pas été fructueuses. Inversement, on peut se demander si Galchenyuk, à l’heure actuelle, est supérieur à l’un des trois autres joueurs de centre. La réponse est encore une fois non.

Ce n’est pas une question de talent, tout au contraire. Galchenyuk est possiblement celui qui a le plus à offrir. Il a la vision du jeu de Desharnais, sa vitesse est supérieure à la moyenne dans la LNH, il a un bon tir du poignet, c’est un bon passeur, etc. C’est un excellent joueur, mais je crois qu’en effectuant un changement de position dès maintenant, les chances de succès de l’équipe subiraient un impact négatif.

Le fait est que le Canadien doit marquer plus de buts, et ce, immédiatement. Si l’attaque du Canadien avait été meilleure, Montréal aurait probablement vaincu les Rangers de New York le printemps dernier.

La production offensive d’Alex Galchenyuk passera par son état de santé. Vu sa récolte de l’an dernier dans une saison écourtée par les blessures, il nous est permis de présumer qu’il est capable de marquer une vingtaine de buts par année. Et pour un joueur de ce type, une meilleure production passe par davantage de temps de glace, à cinq contre cinq et en avantage numérique. Cette occasion se présentera à l’aile, à plus forte raison avec le départ de Tomas Vanek et de Brian Gionta.

Le camp d’entraînement est évidemment le lieu choisi pour faire des expériences. Une bonne performance donnerait par exemple une carte de plus dans la manche de Michel Therrien, au cours de la saison, que ce soit pour remplacer un vétéran blessé ou en léthargie, ou même pour essayer de changer l’allure d’un match. Therrien est un entraîneur qui utilise bien ses jeunes ; il sait qu’ils ont faim, et il utilise cet appétit au profit de l’équipe.

Mais Galchenyuk comme joueur de centre dans l’alignement du Canadien le 8 octobre à Toronto ? Oubliez ça. Le jeune homme a bien plus besoin de temps de glace qu’un boulot au centre.

Les impressions de notre collaborateur sur...

JIRI SEKAC

Il est très habile… mais il ne provoque pas grand-chose. Il passe beaucoup trop de temps en périphérie, et affiche des faiblesses dans la circulation lourde lorsqu’il est en possession de la rondelle. Il provoque alors des revirements. Dans ce contexte, si l’on prévoit le faire jouer sur un troisième trio, il risque de passer un mauvais quart d’heure.

JACOB DE LA ROSE

Voilà un joueur intelligent, solide sur ses patins, vigilant en défensive et qui prend de bonnes décisions avec la rondelle. Je lui reproche un manque de dynamisme et d’engagement physique, mais ça devrait se corriger rapidement. Je le trouve un peu gêné, mais il est en train de trouver ses repères. J’estime qu’il est plus près de la LNH que Sekac.

NATHAN BEAULIEU

Une belle surprise dans son cas. Il est confiant avec la rondelle, beaucoup plus solide que l’an dernier sur ses patins. Il doit encore raffiner son jeu de position dans son territoire, mais d’après ce que j’ai vu sur la glace hier, il devrait pouvoir se tailler un poste.

GREG PATERYN

Belle stabilité, bonne première passe, fiable dans toutes les facettes du jeu : il ne fait que reproduire la performance du camp de l’an dernier. Je vois en lui un joueur prêt à passer à la prochaine étape, mais ça n’a pas été très concluant quand on l’a rappelé de la Ligue américaine par le passé. Les matchs préparatoires des prochains jours seront primordiaux pour lui. S’il y fait bonne figure, il pourrait bien commencer la saison à Montréal. Peut-être dépassera-t-il Mike Weaver, droitier comme lui, dans la hiérarchie.

— Avec la collaboration de Simon-Olivier Lorange

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